Les Restos au plus près des mamans solo

29 mai 2024

Au Mans, le centre d’hébergement Les Toits du Cœur accueille une douzaine de femmes et leurs très jeunes enfants. En situation d’urgence ou en voie de stabilisation, ces familles monoparentales y trouvent refuge après de longs mois de galère et bénéficient d’un accompagnement global et bienveillant. Reportage.

Au Toit du Coeur Le Mans

« Ici, nous nous sentons en paix, libres et en sécurité ». Baby, la petite trentaine, et ses deux enfants de 2 ans et 4 mois sont hébergés depuis trois semaines aux Toits du Cœur du Mans. Ouvert en 2010, l’établissement compte parmi les dix structures d’hébergement collectif des Restos du Cœur. Au quotidien, l’équipe des Restos du Cœur y accueille des mères avec leurs jeunes enfants ainsi que des femmes seules, en situation d’extrême précarité.  

Nous avons onze chambres : cinq qui accueillent des femmes en stabilisation – pour des séjours de trois mois minimum. Et six chambres pour des femmes en urgence

Lydia, Responsable bénévole du centre

Pour Baby, ce retour à une stabilité, même temporaire, lui a permis de souffler et de jouir d’un accompagnement bienveillant. A l’idée de devoir quitter prochainement le cocon du centre, l’inquiétude la gagne : “La semaine prochaine, je ne sais pas où le 115 nous dirigera. Nous devrons appeler chaque jour à 9 heures, et on nous dira de rappeler à 18 heures, sans avoir la certitude que la chambre que nous occupions la veille sera disponible”. Baby croise secrètement les doigts pour pouvoir revenir au plus vite le centre : “En plus, je me suis fait des copines ici.”  

 

En France, comme aux Restos, 1/4 des familles sont monoparentales

En France, le nombre de familles monoparentales a plus que doublé en trente ans. Dans un contexte d’inflation et d’accroissement des inégalités, ces familles sont de plus en plus nombreuses à passer les portes des Restos du Cœur. Sur le plan national, comme au sein de l’association, elles représentent 25% des personnes accueillies. Dans 9 cas sur 10, il s’agit de mères seules avec leurs enfants.   

Une récente étude de notre Observatoire confirme la vulnérabilité particulière de ces foyers, exposés plus que les autres à la précarité.  

A quelques chambres de Baby, Mariana, 27 ans, est maman de deux enfants de 9 et 3 ans. Son histoire mêle violences conjugales et précarité. En voie de stabilisation après une série de déménagements plus ou moins contraints, elle réside au Toit du Cœur depuis près d’un an.  

Ses journées sont rythmées par les allers et retour à l’école et les impératifs domestiques. Cette grande timide passionnée de maquillage et de cuisine, retrouve une routine structurante et a la sensation de se reconstruire au fil des mois. 

Un pause après des moments difficiles

Pour Baby et Mariana, comme pour les autres résidentes, cet hébergement des Toits du Cœur du Mans permet de mettre entre parenthèse, même brièvement, les urgences logistiques et les problématiques de survie. Les séjours permettent souvent aux femmes de faire le point sur leur projet. Passer son permis de conduire, perfectionner son français, améliorer la prise en charge d’un handicap, préparer un entretien d’embauche… La petite poignée de bénévoles qui officient chaque jour au centre accompagnent et étayent au mieux toute sorte de projet. 

Au-delà de l’accompagnement administratif et psycho-social, l’environnement familial de l’établissement est propice à la solidarité et au soutien moral entre les femmes. Au Mans, les repas se prennent collectivement, autour de tablée apaisée. Les mamans s’entraident et gardent les enfants les unes des autres. Les amitiés se nouent et perdurent souvent au-delà des séjours. Ces liens conjurent l’isolement qui grève souvent leur quotidien.   

Un projet de loi pour les familles monoparentales

Le 8 mars dernier, à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, se tenait à l’Assemblée nationale la première assemblée des familles monoparentales. Une proposition de loi transpartisane étudie la création d’un statut officiel de parent isolé. S’y adosserait un ensemble d’aides et de droits spécifiques, parmi lesquels l’accès au logement, l’octroi d’allocations familiales dès le premier enfant, de réductions tarifaires pour l’accès aux services publics ou encore une priorité d’accès aux crèches. Réponse en juillet 2024.   

25% des personnes accueillies sont des familles monoparentales, dont 9 sur 10 sont des femmes seules 

39% des personnes accueillies aux Restos sont mineures   

10 structures collectives des Restos du Cœur, mettent à disposition 274 places à l’année  

 Pour en savoir plus :