1 100 vestiaires aux Restos : bien plus que des vêtements

25 juillet 2024

On le sait peu mais, en plus d’être un pilier de l’aide alimentaire en France, Les Restos du Cœur proposent 1 100 vestiaires partout sur le territoire. De quoi aider plus de 100 000 personnes à se vêtir, mais pas seulement…

Un vestiaire des restos du Coeur avec au premier plan un portant avec des vêtements sur des cintres et un mannequin

Un entrelacs de mains brasse des piles de vêtements entreposés sur une table. On se charrie au-dessus d’un pyjama ; on évalue une robe ; on s’échange un body pour enfant. « Au début, je dépannais les gens et puis ça a pris de l’ampleur », se souvient Martine, bénévole au centre Boy-Zelenski du 10e arrondissement de Paris.

« Nous avons créé le vestiaire car il y avait une forte demande. Désormais toutes les personnes qui viennent à la distribution alimentaire passent au vestiaire. Elles en sont très reconnaissantes. » 

Un besoin prioritaire pour un quart des personnes accueillies

Les vestiaires sont considérés comme un besoin prioritaire pour 26% des personnes accueillies. 90% des vestiaires ouvrent les jours de distribution alimentaire mais comme souvent aux Restos, une aide en cache une autre. Au-delà du simple fait de se vêtir et d’avoir chaud, les vestiaires engagent aussi des problématiques de lien, d’estime de soi, d’intégration scolaire ou de recherche d’emploi.

 « Nous n’avons pas un stock énorme mais je fais en sorte que les personnes accueillies ne repartent pas les mains vides », fait valoir Clara, responsable du vestiaire au centre de Trappes.

Pour tous les jours et pour les grandes occasions

Aux Restos, un vestiaire sur deux est tenu par une toute petite équipe de bénévoles : 1 à 3 personnes chargées de réceptionner les dons, trier, voire laver et repriser les vêtements, avant de les mettre en rayon afin d’offrir le meilleur choix de vêtements possible aux personnes accueillies. En 2022/2023, l’activité a aidé plus de 100 000 personnes, le plus souvent des familles avec enfants, en quête de vêtements pour la vie de tous les jours. 

Localement, les vestiaires s’adaptent aux besoins comme au centre Bédier, dans le 13e arrondissement de Paris. Le vestiaire bénéficie majoritairement aux personnes à la rue accueillies au Resto Chaud et propose vêtements épais, chaussures robustes et duvets pour les nuits froides. Ailleurs, des vestiaires itinérants, aménagés dans des camions, tendent à se déployer en zone rurale. 

A Trappes, on sollicite parfois Clara pour des circonstances particulières :

« Comme cette personne à qui l’on avait donné un costume pour le mariage de son fils et qui est venu nous montrer des photos, ou d’autres qui ont pris une chemise ou un pantalon avant de passer avec succès un entretien d’embauche. »

Idem au centre Boy-Zelenski où les bénévoles portent une attention particulière aux vêtements appropriés pour toute recherche d’emploi et entretien d’embauche. 

Quelques vêtements, beaucoup de convivialité

Les vestiaires sont aussi des lieux de rencontres. « Je suis seule, avec une petite retraite et j’aime venir aux Restos car je passe un moment agréable », glisse une personne accueillie dans un centre des Hauts-de-Seine. « Le vestiaire, c’est positif pour l’estime de soi. Je ne trouve pas toujours ce que je cherche parce que je mets des grandes tailles, mais je me dis que je trouverai la semaine prochaine !» 

 « C’est leur moment « shopping » ; cela leur fait du bien et contribue à revaloriser leur image », confirme une bénévole en région parisienne. Les vestiaires ménagent des moments d’échange et de convivialité entre les personnes accueillies et les équipes bénévoles. S’y nouent aussi des liens entre personnes accueillies : « Certaines mamans rapportent des vêtements qu’on leur a donnés pour leurs enfants, afin que d’autres en profitent », souligne Murielle, bénévole à Asnières. Derrière elle, Anne suspend de minuscules vêtements sur un tancarville au milieu de l’espace petite enfance :  « 1 mois », « 6 mois », « 1 an »  :  « Un  vêtement, ça n’est pas seulement un vêtement. C’est aussi du lien. C’est un intermédiaire entre la maman et son enfant. » 

Des écoliers comme les autres

Les vêtements sont des marqueurs sociaux. Une tenue élégante permet de se sentir plus à l’aise dans les interactions sociales, et favorise la rencontre avec les autres. On se sent plus confiant et plus joyeux, notamment dans la cour d’école. « Je veille toujours à avoir ici des vêtements de qualité », sourit Martine en disposant de petits pulls en pile.

« Ce que cherchent les mamans qui viennent ici, ce sont des vêtements dans lesquels leurs enfants ne porteront plus les stigmates de la pauvreté. Des vêtements dans lesquels ils ne paraîtront ni plus riches ni plus pauvres que les autres. »

Aussi, plutôt que de jeter ou revendre les vêtements dont vous ne voulez plus, n’hésitez pas à contacter un centre des Restos proche de chez vous afin de vérifier qu’il dispose bien d’un vestiaire. Seule condition pour déposer des vêtements : que les habits soient propres, lavés et en bon état. Les besoins sont importants, notamment pour les femmes et les enfants, mais les centres manquent aussi de vêtements pour hommes, des grandes tailles, des vêtements chauds pour l’hiver et des chaussures, ainsi que de linge de maison. De la vaisselle et des jouets peuvent aussi être distribués.  

1 100 centres Restos du Cœur proposent un vestiaire

2 500 bénévoles sont investis dans cette activité

108 033 personnes ont été accueillies dans les vestiaires en 2022/2023

70% des vestiaires ouvrent un jour par semaine

8 vestiaires sur 10 proposent du linge de maison en plus des vêtements

Près de la moitié des vestiaires distribuent vaisselle et petit matériel de cuisine

 

Les bagages perdus font des heureux 

96% des vêtements sont dits de « seconde main » et proviennent de dons spontanés de particuliers. Plus rarement les dons proviennent aussi de commerces locaux, et parfois même… d’aéroports. Comme au centre d’Alleray, à Paris – le plus important de la capitale – où les bagages perdus de l’aéroport Charles de Gaulle constituent l’essentiel du stock. « Une centaine de gros sacs viennent de Roissy tous les mois, après un passage à l’entrepôt du boulevard Ney », raconte Michèle, responsable du vestiaire. Il s’appuie sur une équipe de 13 ou 14 bénévoles pour trier et distribuer. Nous avons donné quelque 35 000 pièces en 2023, et déjà 33 000 cette année, souvent de très belle qualité.  Nous faisons des distributions accompagnées, avec des fiches pour tout noter. Le nombre de vêtements donnés dépend des stocks, mais nous manquons de grandes tailles, de chaussures ou encore de manteaux pour l’hiver. »