Solidarité et contre-don : “J’estime que c’est mon devoir de rendre la pareille”

12 novembre 2024

Ils ont un jour dû pousser la porte des Restos du Cœur. Anciennement accueillis au centre de Mantes-la-Jolie (78), Rudi, Ismaël et Fathma entendent aujourd’hui “rendre un peu de l’aide reçue” et remercier les bénévoles dont l’écoute et la bienveillance les ont aidés à sortir de l’ornière. Rencontres.

Rudi, boulanger engagé, offre des viennoiseries aux Restos

Dans la cuisine du centre de Mantes-la-Jolie, Rudi nous attend, sourire aux lèvres et café à la main. Il vient de déposer plusieurs cagettes de viennoiseries et quelques gâteaux dans les frigos. Rudy fait don des invendus de la veille pour les personnes accueillies et les bénévoles. 

Arrivé d’Albanie en 2014, Rudi, père de trois enfants, estime qu’il a ”toujours été bosseur dans la vie”. Pourtant, il se retrouve un jour sans ressources. C’est grâce à un ami qu’il découvre les Restos du Cœur.

“J’avais plus confiance, mais je savais que même si je n’avais rien, il y avait une porte à laquelle je pouvais frapper. Et ça, ça donne de la force.” 

Rudi est accueilli à l’aide alimentaire pendant un mois. Il se souvient de la bienveillance des bénévoles à l’égard de sa fille de deux ans : “1 mois c’est pas grand-chose, mais ça a été déterminant. Sans cette aide, je serai peut-être reparti dans mon pays. Ça a été le déclic.

Persévérant, il multiplie les petits boulots et intègre une formation professionnelle. Aujourd’hui, il gère deux boulangeries, et emploie quinze salariés.  

“J’ai été nourri par les Restos du Cœur à un moment, maintenant j’estime que c’est mon devoir de rendre la pareille. » 

Chaque matin, avant l’ouverture du centre, il charge son camion d’invendus de la veille : “Je ramène des gâteaux. Aux Restos, les gens sont géniaux. Les bénévoles pourraient rester avec leur famille et leurs petits-enfants et ils font ça gratuitement pour les gens, c’est un sacré travail. 

Les personnes accueillies reçoivent des pains au chocolat, des croissants ou encore des baguettes.  

Ismaël, bénévole “par reconnaissance”

Ismaël est arrivé à Paris en 2017. Après l’échec de plusieurs demandes d’asile, il est logé grâce au 115 dans un foyer dans lequel il bénéficie des Restos du Cœur. Motivé, il propose son aide en tant que bénévole et intègre rapidement les équipes. “Je me suis dit, eux sont bénévoles. A nous maintenant. Si je peux aider, pourquoi pas !

Au bout de 6 mois, et avec l’aide des Restos, Ismaël trouve un emploi dans l’événementiel. “Aujourd’hui, j’ai un travail et un appartement.” Pour autant, il était impensable pour lui de laisser derrière ceux qu’il côtoyait au centre : “J’ai décidé de continuer en tant que bénévole.”  

Depuis deux ans, Ismaël prête main forte aux équipes, dans la bonne humeur : Quand tu aides quelqu’un et que la personne est contente, ça te motive, tu te sens utile.” Ismaël rayonne et partage son énergie à chaque visite au centre, fier de “ne pas avoir lâché et d’y être arrivé”.  

 

 

 

Fathma, cuisinière généreuse pour remercier les bénévoles

 Arrivée en France en 2016, Fathma arrive Restos du Cœur grâce au bouche-à-oreille. A l’époque, cette mère de famille est en grande difficulté.

 “Mon fils au CP a commencé à comprendre qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Il demandait pourquoi les autres enfants partaient en vacances, en week-end et nous non. Pourquoi on n’avait pas de voiture ?” 

 Dès son inscription, la trentenaire se sent accueillie et soutenue par les bénévoles. “Les enfants jouaient, ils rigolaient, il y avait du café, du thé…”  

Pendant plusieurs années, Fathma et sa famille ont été accompagnés par l’association. Ses enfants y ont découvert le cinéma et participé au Noël des Restos : “Les Restos nous ont organisé une fête à Noël. Mon fils aîné attendait ça avec impatience, les enfants ont reçu plusieurs cadeaux…”. A plusieurs reprises, la mère de famille est arrivée au centre avec des gâteaux pour remercier les bénévoles, en signe de reconnaissance.  

Pour Fathma, le lien avec les bénévoles est très important, leur écoute et leur bienveillance ont été pour elle de grands soutiens… jusqu’à ce que l’ordinaire de la famille s’améliore : “Quand j’ai dit à mon fils que j’allais reprendre le travail, il m’a demandé ce que nous allions faire avec l’argent. Il m’a dit : donnons le aux Restos du Cœur”. 

Fathma s’organise avec les Restos pour cuisiner un grand couscous pour les équipes de bénévoles : “Je n’irai plus aux Restos, donc j’ai choisi de faire un grand couscous pour tout le monde. Ma joie je l’ai partagé avec les Restos du Cœur. Je n’ai pas de famille en France, les Restos, c’est ma famille.